Il s’installa ensuite à Trapani, poursuivant l’idée de mettre en relation l’anthropologie et l’archéologie de l’île de Sicile avec l’architecture contemporaine. À l’été 2016, il acheva la construction de Specus corallii, l’oratoire de la Cathédrale de Trapani, commandité par le prêtre en chef, Gaspare Gruppuso. Jean-Marie Martin, du magazine Casabella, constate : « Antonino Cardillo, un architecte qui a justement attiré l’attention de la critique internationale, a créé un espace semblable à un télescope orienté vers le passé du lieu. » Cette œuvre, la quatrième de la série des « grottes », fut sélectionnée pour inaugurer la section architecture du numéro dédié à l’Italie dans AD Germany et le chapitre final du volume Thinking Color in Space (2018) — une histoire de la couleur de Titien à nos jours, publiée par l’Université des Sciences Appliquées de Darmstadt. Selon Annie Carroll, de Melbourne, ces grottes figurent parmi les intérieurs les plus influents des derniers temps. Mrinalini Ghadiok, de New Delhi, déclara :
Antonino Cardillo remet en question les normes mêmes du processus architectural tel que nous le connaissons communément. Ses œuvres transcendent le quotidien pour offrir des instants sublimes, des expériences intangibles et des espaces d’une immersion saisissante.
Specus corallii (ex Sala Laurentina)
À l’hiver 2017, Jeanette Kunsmann et Stephen Burkoff se rendirent en Italie pour visiter les œuvres architecturales de Cardillo à Rome et à Trapani, passant trois jours en compagnie de l’architecte. Leur investigation devint le sujet de couverture du magazine DEAR sous le titre « Architecture et vérité ».
Cardillo n’a ni adresse de bureau fixe, ni même un bureau au sens classique du terme. Et il n’emploie personne : le Sicilien conçoit et planifie tous ses projets seul. […] On pourrait dès lors supposer que Cardillo est l’un des nombreux architectes mineurs et méconnus. Mais tel n’est pas le cas. Très peu d’architectes, en dehors des trois superstars de l’industrie (Libeskind, Hadid et Koolhaas), ont attiré autant d’attention de la part de la presse internationale et des revues spécialisées qu’Antonino Cardillo.
Ana Araujo, de Windsor, ajouta :
Je pense qu’Antonino est un designer qui cherche à travailler selon ses propres critères, refusant de se conformer aux méthodes habituelles des designers d’aujourd’hui. Je pense qu’il s’appuie sur une conception de ce que signifiait être architecte autrefois pour forger sa posture professionnelle.
Antonino Cardillo pour la séance photo du DEAR Magazin
À l’été 2018, il acheva la construction du restaurant-bar Off Club à Rome, commandité par Massimo Di Persio. Ce projet explore le concept de l’« Ombre », un aspect central de la psychologie analytique, qui représente les parts cachées et inacceptables de la psyché humaine. Suzanne Trocmé le dévoila en déclarant : « Collaborateur de longue date de Wallpaper*, la dernière œuvre d’Antonino Cardillo marque un tournant décisif pour l’architecte sicilien. » Tom Wilkinson écrivait dans le magazine The Architectural Review :
Ces formes hiératiques créent une atmosphère d’un mystère légèrement menaçant — on pourrait s’attendre à ce qu’un rite mithraïque se déclenche à tout instant.
La cofondatrice de Sight Unseen, Monica Khemsurov, définissait Off Club comme « sa dernière œuvre maîtresse. » Tim Berge, de Berlin, remarquait : « Ses œuvres sont un conglomérat de mythes, de contes de fées et d’images mentales issus de différentes époques et cultures. Il souhaite créer une architecture de l’inconscient, inspirée par l’un de ses grands maîtres, le psychologue suisse Carl Gustav Jung. » Lucia Galli, du magazine Abitare la Terra de Paolo Portoghesi, ajoutait : « Il s’agit d’une référence forte à l’archétype, perçu comme le besoin de revenir à l’origine des choses. » Sept ans plus tard, Stefan Grundmann sélectionnera Off Club dans son ouvrage Architekturführer Rom, parmi les trois projets récents qui reflètent la capacité de Rome à se régénérer dans sa tradition des espaces intérieurs. Il affirme : « Une série de conceptions d’intérieurs de bâtiments historiques a attiré l’attention ces cinq ou dix dernières années, façonnant de manière impressionnante ce genre qui s’intègre parfaitement dans la texture stratifiée et millénaire de Rome. »
Off Club
En 2019, il fut invité à prendre la parole dans le cadre de la série de conférences Inside/Out organisée par les étudiants du Royal College of Art de Londres et lors des Bauhaus Campus Dessauer Gespräche par Johannes Kister.
Les conférences du Royal College of Art et du Bauhaus Campus